Aspects sociaux et religieux dans l’anthropologie pédagogique de Joseph Wresinski

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KISS, G.: Aspects sociaux et religieux dans l’anthropologie pédagogique de Joseph Wresinski. In : Ostium, roč. 12, 2016, č. 4.

Social and religious aspects in Joseph Wresinski’s pedagogical anthropology

Joseph Wresinski founded the ATD-Fourth World Movement in France in 1957 with the aim of eradicating poverty, as well as the exclusion and the lack of rights that go with it, in order to be able to model the structure of a society that has the most disadvantaged people in its centre. As an ordained priest of the Catholic Church, he created a secular organisation whose practice and ensuing principles are shaped by this peculiar duality. In order to demonstrate this facet, the first part of the present study gives a brief overview of Wresinski’s career, highlighting how the personal aspects of his life had influenced his views concerning the poorest, and more specifically, the principles and objectives of the Movement he founded. Thereafter, I address the particularities of the Movement, emphasizing its religious and social dimensions, in relation to the secular nature of French society. The two subchapters of the third part describe the two factors of the primordial relationship that constitutes the two, interdependent pillars of the Movement, emphasizing the relevant features of Wresinski’s vision concerning the poorest and also the volunteers engaged in the Movement. Finally, I intend to show how the pedagogical anthropology of Wresinski, with his radical interpretation of the Gospel, positions in its centre the man who, disfigured by poverty, is still the most authentic bearer of universal humanity, as he inseparably incorporates human rights and the divine filiation.

Keywords: Joseph Wresinski, ATD-Fourth World Movement, the people of the Fourth World, human rights, the Christology of the divine filiation of the poorest

Introduction
C’est le 17 octobre 1987, au 30e anniversaire du Mouvement ATD Quart Monde que son fondateur Joseph Wresinski inaugure une dalle au Parvis des libertés et des droits de l’homme au Trocadéro à Paris, devant une foule de plus de 100 000 personnes. Le marbre de cette dalle est gravé du texte dont voici la dernière phrase:

Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère,
les droits de l’homme sont violés.
S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré.[1]

Faire respecter donc les droits de l’homme est un devoir sacré pour Wresinski dont l’œuvre – particulière de par sa portée universelle et sa nature double exprimée par les termes mis en relief – constitue le sujet du présent travail. Pour aborder les particularités de ce devoir que Wresinski s’était fixé, il s’avère nécessaire de présenter d’abord en grandes lignes quelques caractéristiques de sa vie qui est inséparable de la population à laquelle il s’est identifié. Dans un deuxième temps, nous aborderons les discernements de base et l’activité du mouvement laïc qu’il a fondé : l’ATD (au départ Aide à Toute Détresse, aujourd’hui Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde. En troisième lieu, nous nous attarderons aux deux piliers très étroitement liés, voire interdépendants de son Mouvement : l’unité du Quart Monde et celle des volontaires. Enfin, c’est en synthétisant les éléments pertinents des chapitres précédents que cet article se concentrera sur l’inspiration double de son œuvre qui lui donne un aspect tout particulier : sa foi en l’homme et sa façon d’interpréter l’Évangile.

1. Quelques éléments de la biographie de Joseph Wresinski
Joseph Wresinski est né à Angers en France d’un père polonais et d’une mère espagnole durant la quatrième année de la Première Guerre mondiale dans une famille très pauvre. Ses années d’enfance et d’adolescence ont été marquées par un dépouillement absolu : faute de soins, une de ses sœurs succombe à une pneumonie, son père quitte la famille, désespéré d’être incapable de la prendre en charge et en laissant seule sa femme avec les quatre enfants. Aussi l’homme humilié et vivant à la merci des autres est-il devenu pour lui une expérience quasi physique, ce qui s’avèrera déterminant pour sa foi, sa vision de monde et son œuvre. Il a été ordonné prêtre en 1946 alors qu’il avait à peu près trente ans. Sa décision de consacrer sa vie à la population la plus déshéritée est profondément influencée par son expérience personnelle du monde de la misère et par sa sympathie pour le mouvement des prêtres ouvriers, aboutissant à une interprétation nouvelle de l’Évangile.

Dix ans après son ordination, en 1956, il demande à son évêque de l’envoyer au camp de Noisy-le-Grand pour pouvoir partager la vie avec les familles les plus démunies. C’est là qu’il commence à réaliser son projet : construire un monde qui ne se compose pas de groupes sociaux juxtaposés et s’ignorant l’un l’autre mais qui vit d’échanges multiples, de l’enrichissement des uns par les autres, enfin, un monde sans exclusion où le plus important est l’Autre avec lequel on s’engage à partager. Au début, ce projet consiste à se laisser imprégner par la vie du camp et à assurer pour les habitants les conditions de base d’une simple survie, puis, petit à petit, les cadres d’une vie humaine digne, tout en privilégiant l’intégrité des familles. À ce sujet, il convient de citer les propos par lesquels Wresinski a lui-même déterminé les enjeux de son entreprise, qui vaut une sorte de profession de foi :

Le souci de la famille qui inspire le Mouvement a été le point de départ de toute son action. La misère met en lumière le besoin absolu des hommes d’avoir la sécurité de la famille. Au camp de Noisy ce besoin était crucial : la famille était menacée de partout, cassée par les interventions de l’extérieur. (…) La dignité et la sécurité des familles exigeaient que nous posions au moins quelques bases, par rapport à ces trois objectifs : Vivre dans un cadre matériel humain, développer l’esprit et être reconnu par les autres citoyens.[2]

Ce triple objectif marque en effet une étape décisive dans l’approche du monde de la misère, étape radicalement nouvelle au regard de la démarche caritative au sens traditionnel du terme. Dès le premier moment, le Père Joseph est anti-soupe populaire, anti-banque alimentaire, anti-logement précaire car les accepter ne serait, selon lui, que « gommer les droits »[3]. En effet, il considère la misère comme la violation des droits de l’homme, de ces principes étroitement liés à l’État français laïc dont les débuts d’application remontent à la période de la Révolution.[4] De notre point de vue, il est important d’y ajouter la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1948 et signée au Trocadéro à Paris, car à cette même place, non loin de la dalle rendant hommage au document de l’ONU se trouve la dalle du Mouvement de Wresinski avec les mots cités dans l’introduction. Par ce fait, Wresinski manifeste explicitement un lien organique et essentiel aux principes des deux documents mentionnés ci-dessus.

C’est donc à partir de ces principes qu’il s’efforce à supprimer la misère, ce qui exige un changement radical du regard, à commencer par la suppression de la mentalité d’acceptation passive des aides. Il est persuadé de la nécessité d’une nouvelle manière de penser qui ne consiste en rien d’autre qu’à mettre le plus pauvre au centre de tous les projets, de toutes les idées. Selon Wresinski, il faut partir du regard de celui-ci sur le monde pour examiner et pour aborder tout projet, toute organisation qui le concernent mais qui ont été conçus sans lui. C’est à cette condition seulement que les familles pourront devenir capables d’être les vrais acteurs de leurs vies et d’assumer la responsabilité de leurs décisions. Le camp va voir émerger plusieurs initiatives communautaires, qui vont s’efforcer, pas à pas, de s’approcher de plus près des familles, afin de leur permettre de reconquérir les droits qui leur avait été déniés : les droits au travail, à l’éducation, à l’enseignement, à la vie familiale, aux soins de santé, à la justice tout comme à la spiritualité, droit qu’il considère comme aussi vital que les précédents. Il fonde, pour et avec les familles, le Mouvement ATD–Quart Monde et invente le service volontaire dont les membres – hommes et femmes de toutes nationalités, origines sociales et formations professionnelles – s’investissent pour lutter contre la misère partout au monde. Après les premières années pleines d’épreuves, c’est dans les années 1960 que se dessine le sentier qui mène le Mouvement vers les objectifs visés. Wresinski continue de travailler sans relâche : outre le travail acharné sur le terrain et les voyages à travers le monde, il élargit le contenu théorique et pratique de l’organisation qui atteint ainsi, peu à peu, une dimension mondiale.[5] Il écrit des livres, se fait remarquer dans les médias, participe au travail du Conseil économique et social de la République française où, en 1987, il sera le rapporteur d’un document intitulé « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », désormais appelé « rapport Wresinski ».[6] Le 17 octobre de cette même année fait aussi date dans l’histoire du Mouvement avec le rassemblement au Trocadéro, mentionné dans l’introduction. Le Père Joseph décède en février 1988, suite à une opération du cœur. Ses funérailles ont lieu en la Cathédrale Notre-Dame, à Paris. Son corps repose à Méry-sur-Oise, sous la chapelle qu’il a fait construire. En décembre 1992, l’Assemblée générale de l’O.N.U. déclara le 17 octobre Journée mondiale de la lutte contre la misère et l’exclusion, marquant pour le fondateur du Mouvement une pierre blanche : c’était une reconnaissance pour l’œuvre de toute sa vie.

2. Le Mouvement ATD Quart Monde
Dans le chapitre précédent, parmi les faits biographiques, il a été fait mention de la fondation du Mouvement ATD Quart Monde qui peut être considéré comme l’incarnation du projet de Joseph Wresinski. Le présent chapitre, consacré aux particularités de cette organisation, en soulignera les caractéristiques qui sont pertinentes de notre point de vue.

Le Mouvement se veut l’organisation de la défense des droits de l’homme qui vit le jour, avec pour finalité de rendre accessibles à ceux qui vivent dans l’extrême misère tous les droits qui concernent tous les hommes sur les plans économique, politique et social, ainsi que de promouvoir l’éradication de la grande pauvreté. Il se base sur deux options fondamentales, à savoir que la recherche et la mise en œuvre de la solution ne pouvaient être menées à bien qu’avec les personnes concernées et avec leur participation active, et que personne ne peut être exclu du cercle de ceux qui « méritent » d’être aidés, en priorité les plus abandonnés. Malgré le fait que le fondateur soit prêtre consacré de l’Église catholique, l’organisation n’est liée à aucune appartenance religieuse, et de nos jours, elle déploie son activité dans une trentaine de pays.

Les principes de base du Mouvement formulent d’une manière très concise les convictions de Wresinski et de l’organisation qu’il a fondée : la dignité de tout homme, la priorité aux plus défavorisés, le volontariat militant. En voici le premier alinéa:

Tout homme porte en lui une valeur fondamentale inaliénable qui fait la dignité d’homme. Quels que soient son mode de vie ou sa pensée, sa situation sociale ou ses moyens économiques, son origine ethnique ou raciale, tout homme garde intact cette valeur essentielle, qui le situe d’emblée au rang de tous les hommes. Elle donne à chacun le même droit inaliénable d’agir librement pour son propre bien et pour celui des autres.[7]

Pour déployer cette valeur et cette liberté, Wresinski trouve fondamental d’offrir aux plus pauvres une éducation appropriée à leurs aspirations et à leurs besoins particuliers.[8] En affirmant l’importance du savoir, il s’inscrit d’une part dans la tradition de longs siècles de l’Église qui, outre son implication dans les domaines d’ordre religieux, intervenait largement dans l’organisation de la vie publique dont l’éducation. D’autre part, il affirme son appartenance à la tradition non moins forte de l’instruction publique démocratisée par l’école laïque. Il ne doute point que c’est à travers le savoir que les plus pauvres arrivent à conquérir aussi d’autres droits. Mais en insistant sur l’importance de les faire accéder au savoir, il ne cesse de proclamer que « [s]avoir ce que pensent les plus pauvres est l’expertise essentielle. » Ou encore : « Notre pensée et notre pratique doivent être celles où Dieu se retrouve, où Il ne puisse pas renier. Cela nous oblige à tirer notre connaissance des populations les plus rejetées. » [9]

En effet, pour Wresinski, les exclus – qui, comme nous allons le voir un peu plus tard, sont pour lui la parfaite effigie de Dieu – détiennent un savoir unique, fondé sur l’expérience qui joue un rôle primordial dans leur émancipation. Par conséquent, parallèlement à leur accès au savoir, une transmission du savoir se réalise aussi dans la direction opposée. Wresinski reconnaît le savoir des plus pauvres comme différent de celui de la société majoritaire mais non moins valable. On peut être d’accord avec le théologien Étienne Grieu qui considère ce pari comme une « révolution copernicienne » car il renverse la perspective traditionnelle et reconnaît le savoir des plus pauvres comme cohérent et autonome, constituant ainsi l’expression et le ciment de leur identité.[10]

C’est avec le but général d’assurer et d’encourager la continuité de ces passages des savoirs dans les deux directions, motivation constante pour le Mouvement, qu’il crée des espaces où les plus pauvres peuvent s’exprimer :

… des lieux de rencontre de toute sorte, où les familles du Quart Monde, enfants, jeunes, adultes, puissent rassembler leurs idées, approfondir leur pensée, et développer leur créativité en collaboration avec des ressortissants de tous les autres milieux.[11]

Parmi tous ces lieux se distingue l’Université populaire Quart Monde dont la fondation découle de la cohérence interne du Mouvement et qui, en même temps, a été inspirée par certaines conditions socio-politiques contemporaines.[12] Elle émerge de l’institution de l’université populaire, créée en 1889 avec l’objectif de contribuer à l’émancipation sociale des adultes, surtout à celle des ouvriers industriels par le partage du savoir. Toutefois, l’Université populaire Quart Monde s’en distingue par plusieurs caractéristiques dont les plus importantes se sont clairement révélées lors des séances de travail entre Wresinski et les volontaires en octobre 1972.[13] Elle se construit sur un dialogue établi préalablement entre les deux parties et sur le refus impératif de toute sélection. Elle se veut une plate-forme accessible pour tous, une scène privilégiée pour les adultes les plus défavorisés. Les rencontres organisées prennent ancrage dans des faits, abordables pour tous, et c’est à partir d’eux qu’un passage est possible vers les idées qui les sous-tendent. Les rencontres nécessitent de la confiance qui ne se crée que sur la base de la relation interpersonnelle. C’est uniquement à partir de ces composantes que se forme la réciprocité, considérée comme fondamentale par Wresinski pour la construction d’une société juste et sans exclusion avec le but d’un échange où chacun avance grâce aux autres.

La responsabilité morale et politique et la rigueur scientifique obligent l’Université à se tourner vers le Quart Monde, non pas pour enseigner, d’abord, mais pour dialoguer et apprendre. Et quand nous disons l’Université, nous entendons l’Université avec toutes ses institutions et ramifications ; nous entendons aussi l’Université avec tous les citoyens qui, d’une façon ou d’une autre, détiennent une parcelle du savoir commun. Le temps est à la réciprocité du savoir, c’est-à-dire à la réciprocité entre tous ceux qui savent et ceux qui sont exclus. Et cette réciprocité est une exigence concrète et dure ; il ne s’agit pas de prêter une oreille bienveillante, de pratiquer un semblant d’écoute, en guise de thérapeutique psychologique. Il s’agit de demander à une population au pied de l’échelle sociale de nous livrer sa pensée et ce qu’elle connaît ; de lui demander de nous prendre au sérieux et de nous faire confiance.[14]

Dans le cadre des Universités populaires, des rencontres de genres très divers sont offertes: des conférences publiques, des débats, ainsi qu’un service d’information censé accueillir les intéressés. Les acteurs des débats sont les pauvres, un expert du sujet choisi et les représentants des volontaires. Certes, la plupart des rencontres traitent des sujets étroitement liés aux soucis quotidiens du Quart Monde (l’école, la politique, l’argent, la responsabilité etc.), toutefois, l’enjeu de ces rencontres n’est pas simplement que les participants prennent position par rapport à tel ou tel sujet concernant la pauvreté mais beaucoup plus la mise en valeur de l’optique propre et de la réflexion particulière des personnes vivant dans la misère.[15] Les interactions aboutissent à la construction d’un nouveau type de savoir créé ensemble. Les objectifs principaux de l’Université populaire se déchiffrent effectivement à partir des pratiques qu’y met en œuvre le Mouvement : entamer un dialogue social, encourager et développer la prise de parole personnelle et publique, stimuler l’apprentissage et, finalement, déclencher des changements sociaux.

La priorité de la praxis, observée ci-dessus, est valable pour toute l’œuvre de Wresinski. Le véritable rassemblement de tous autour d’un projet commun est né « d’une vie partagée » dont le contenu et les acteurs seront présentés dans le chapitre suivant.

3. Comment s’unir autour des plus pauvres?
Le Mouvement peut donc être considéré comme l’incarnation de la vision de Wresinski. Il se crée avec le but de construire une société sans exclusion. Conformément à sa lecture radicale de l’Évangile, pour Wresinski, cela présuppose nécessairement le choix libre d’un engagement personnel des uns à la communauté de destin avec d’autres. L’identité du Mouvement repose sur ces champs de recherche étroitement liés les uns aux autres, les séparer peut donc paraître artificiel. Pourtant, nous tenterons d’en examiner les deux acteurs fondamentaux dans deux sous-chapitres consécutifs, à savoir les plus pauvres exclus de la société d’abord et, ensuite, ceux qui prennent le défi de s’engager auprès de ces premiers pour les y réintégrer : les volontaires.

3.1. L’unité des plus pauvres : ils ont une identité collective
Pour pouvoir considérer le plus pauvre comme sujet, c’est-à-dire comme quelqu’un qui est capable de participer à la vie de la société et de prendre des décisions responsables, il faut le définir par une identité exprimant qui il est. Or, s’agissant d’une personne vivant dans l’extrême pauvreté, ceux qui cherchent à définir cette identité, sont conduits traditionnellement à caractériser sa condition par tout ce qu’il n’est pas : par ses privations multiples dont les plus importantes sont d’être privé de famille, de travail, de citoyenneté, d’histoire et de spiritualité.[16] D’autre part, les plus pauvres souffrent des préjugés qui les stigmatisent comme « cas sociaux », « incapables de s’intégrer » ou « malades » – et ce qui s’ensuit : comme des « problèmes » isolés. Or, un point fondamental de l’anthropologie de Wresinski sera ce qu’il découvre dès son arrivée au camp : les pauvres ont une identité collective.[17]

[À Noisy-le-Grand] dès les premiers contacts avec la population, la pensée m’est venue d’avoir affaire à un peuple. (…) Je me disais : c’est un peuple, le peuple de la misère. [18]

Il voit donc les pauvres comme un « peuple », qui se définit non pas simplement par un manque de relations ou un déficit dans son accès aux droits économiques, sociaux et culturels, mais aussi par son appartenance à une entité dotée d’une détermination, par un héritage historique certain et par un projet de s’en sortir ensemble.[19] Dans la lignée d’Edward Burnett Taylor qui, à la fin du XIXème siècle, a révolutionné l’anthropologie culturelle en Europe, cette vision de Joseph Wresinski a pour logique de voir dans les pauvres un peuple à part entière et qui fait éclater nos schémas de pensée habituels. Si nous voulons en parler de manière appropriée, il faut entrer d’expérience dans son refus de la misère et sa lutte contre l’exclusion ; cette expérience nous mènera à oublier le langage et les mots qui ne rejoignent pas la réalité, qui en restent à l’apparence d’une langue identique mais sans rejoindre véritablement les exclus. Nous allons parcourir ainsi mentalement un chemin de solidarité pour percevoir les principes directeurs des attitudes des exclus, qui semblent certes étrangers mais sont pourtant très cohérents car ils se nourrissent de toute une sagesse de vie qui vaut la peine d’être connue.

Selon Wresinski, cette identité collective d’un peuple servira de base pour conquérir l’émancipation socio-économique et spirituelle des familles vivant dans l’extrême pauvreté. L’accent mis sur l’identité collective des pauvres apparaît encore dans le fait qu’à travers un vocabulaire où les plus pauvres sont dénommés par de nombreux vocables, deux termes émergent surtout : la famille et le Quart Monde. Le terme Quart Monde est très parlant, faisant référence en même temps au Quart État de l’histoire de France et au Tiers Monde des temps modernes.[20] Mais au-delà de ces deux connotations, il veut surtout exprimer l’appartenance des personnes démunies à un regroupement social : à un peuple. En ce qui concerne l’importance du deuxième terme, celui de la famille – et celle de la réalité qu’il comprend –, Wresinski affirme:

L’expression les familles est entrée dans le vocabulaire du volontariat comme signifiant toute la population sous-prolétarienne. Ce fut même le premier terme d’un langage que nous allions abondamment développer.[21]

Par le terme « famille » il entend « les plus pauvres, le sous-prolétariat et le Mouvement confondus »,[22] en les identifiant en même temps à la Sainte Famille persécutée, en fuite.[23] Ce terme bénéficie donc d’un statut privilégié, il est une notion décisive, un axe central dans la pensée du Mouvement car Wresinski insiste – même si sur ce point, il n’est pas suivi par les autorités – sur l’idée que pour l’homme démuni, privé de tout, la famille signifie le dernier refuge : le seul endroit où il est accepté, reconnu. La famille est l’ultime terrain de sa liberté, malgré les conflits destructeurs quotidiens, la seule chance pour qu’il puisse vivre sa dignité humaine.

En partageant sa vie avec eux, Wresinski peut affirmer par expérience que, lorsque les gens de la misère souffrent de l’indifférence que leur inflige le reste de la société, ils perdent la notion de confiance, et il s’éveille en eux un terrible sentiment de culpabilité. Celui-ci entache toutes leurs réactions aux mesures que la société prend à leur encontre et qu’ils ressentent comme autant d’intrusions. Cette exclusion universelle a un effet dévastateur sur les deux parties : bien sûr les victimes sont blessées par la souffrance qui leur est infligée, mais ces blessures marquent en effet la société elle-même. Car les droits universels de l’homme, qui sont en principe d’application pour tous, sont déformés en un privilège pour quelques-uns, ce qui les dénature même si ces droits bénéficient à un grand nombre et ceux qui en sont exclus sont peu nombreux. Pour qu’ils retrouvent leur validité universelle (si tant est qu’ils ne l’aient jamais atteinte), il faut d’abord les appliquer en faveur de ceux qui en sont les plus exclus. De cette façon, on peut considérer comme un droit naturel des plus pauvres d’être au centre des projets de civilisation et d’entraide qui se veulent universels.[24] Il faut noter que cette exigence d’universalité est valable même pour le langage utilisé par Wresinski, exempt de toute terminologie ecclésiastique, de locutions bibliques ou pieuses. Son style est beaucoup plus celui d’un militant des droits de l’homme que celui d’un prêtre catholique. Étant persuadé qu’aucun partage n’est possible sans une transparence des termes, il sollicite avec insistance la formation d’un langage commun dont les éléments correspondent aux mêmes réalités pour les deux parties, et quand il parle du « vocabulaire du volontariat », il convient de le comprendre au sens propre du terme.[25]

Wresinski affirme que pour arracher les plus démunis de leur exclusion et pour les réintégrer à la société, il faut les aider à devenir des acteurs de leur vie, des participants de la vie sociale, et des partenaires ayant des droits égaux dans le dialogue socio-politique. Pour donner forme à cette mentalité, le Mouvement ATD Quart Monde est une graine qui joue un rôle de levain grâce au corps volontarial qui anime cette organisation.

3.2. Le jusqu’au-boutisme de l’engagement : le pluralisme du corps volontarial
Comme nous l’avons vu plus haut, les volontaires se composent d’hommes et de femmes venant des horizons religieux ou idéologiques les plus divers qui mettent librement à l’arrière-plan la sécurité de vie dont ils bénéficiaient jusqu’alors et s’engagent pour une longue durée ; leur façon de penser et d’agir ensemble assure au Mouvement son ouverture et son dynamisme. Par la manière dont ils assument avec les plus pauvres une communauté de destin, les volontaires souhaitent esquisser un modèle de société où le plus important est l’Autre avec qui on s’engage à partager.

Leur rôle est celui du catalyseur et, pour accomplir cette mission, ils ne doivent être ni catholiques, ni chrétiens, ni même croyants. La seule exigence est que chaque volontaire aille jusqu’au bout sur le chemin de sa propre conviction et que ce soit un chemin qui reconnaisse d’une part le droit de l’homme le plus démuni d’être au cœur de la communauté humaine indépendamment de toute religion ou idéologie, d’autre part le droit de chacun de s’unir avec les autres.

Dans le Mouvement, nous ne sommes pas experts en œcuménisme. Nous essayons de vivre l’unité au jour le jour, non pas dans le contenu de la foi, mais dans la sincérité, dans le jusqu’au-boutisme de l’engagement de chacun aux plus pauvres. L’unité est acquise d’avance, elle est là où sont les familles les plus démunies En mettant le cap sur elles, nous sommes sûrs de nous trouver unis et tous à égalité.[26]

Ainsi, l’unité des volontaires se révèle dans l’engagement inconditionnel auprès des plus pauvres, dans le choix libre d’une communauté de destin avec ceux qui sont traités par l’État providence et par ses citoyens comme des « incapables », donc inutiles. Cependant, cette unité n’exclue point le pluralisme, tout au contraire : le corps du volontariat se soude justement par l’épanouissement de ce pluralisme. Le fondateur, lui-même prêtre catholique, souligne le caractère interconfessionnel (et d’ailleurs interpolitique) – et non pas aconfessionnel (ou apolitique)[27] de son Mouvement. La citation suivante éclaire cette différence:

… la signification de l’interconfessionnalité comprend deux éléments indissociables : le droit à la religion et le dialogue avec les autres. ATD Quart Monde a été voulu par le Père Joseph comme un Mouvement où les personnes de religions différentes puissent s’estimer et progresser ensemble. Non seulement dans une coexistence pacifique mais encore dans le désir et le bonheur de voir l’autre devenir plus profondément humain.[28]

Quant au désir de l’unité des tous les humains, il est inscrit au cœur de l’Évangile.[29] C’est dans cet esprit que, tout au début des années 1960, des camps œcuméniques ont été organisés à Noisy dans la conviction que la lutte contre la misère pourrait constituer le premier pas vers l’unification des Églises.[30] Mais Wresinski va plus loin : la volonté de supprimer la misère doit nécessairement surmonter les cadres de l’Église. Il veut un Mouvement qui intègre tous, ne laisse personne à la dérive et ne limite pas le cercle des volontaires potentiels. C’est dans ce sens, en élargissant l’idée de l’unité pour toute la société que se sont formés les termes « interconvictionnel » et « pluriconvictionnel » par lesquels les volontaires de nos jours apostrophent souvent le Mouvement, et qui élargissent la nature du l’organisme au-delà de tout aspect religieux. Cette richesse, née de la pluriconvictionnalité, rend possible leur mission essentielle qui est d’entrer avec les exclus de la société dans une communauté de destin. C’est par cet engagement sans condition qu’ils deviendront pour les familles tout à la fois « une valorisation, une référence et un tuteur ».[31] Décider de manière libre et inconditionnelle de se ranger du côté des familles révèle le sens et la valeur de la condition de vie des moins privilégiés ; accepter leur capacité d’initiative et leur liberté de choix revalorise leur savoir fondé en expérience. Les volontaires donnent aux familles un exemple par leur travail et par leur vie en général en ce qui concerne les valeurs. Et tandis qu’ils reconnaissent aux familles le rôle de l’initiative, ils mettent en valeur en même temps leur exigence de se savoir membre à part entière d’une société solidaire, ainsi que leur attente d’être soutenus sur le chemin qui mène à leur émancipation sociale.

4. La source inspiratrice de l’œuvre de Wresinski
Comme nous l’avons présenté plus haut, le Mouvement ATD Quart Monde se caractérise par une nette ouverture et un grand dynamisme, qui sont dus à l’exigence personnellement adressée à chaque volontaire d’aller jusqu’au bout de ses convictions. Mais aux yeux de Wresinski, leurs engagements – certes, résultant de convictions variées – sont finalement les manifestations les plus authentiques possibles du christianisme – dans le sens à la fois particulier et universel du terme que Wresinski lui attribue, d’après l’enseignement des versets 31-46 du chapitre 25 de l’Évangile selon Matthieu.[32] En effet, pour comprendre l’enjeu de motivation de Wresinski en profondeur, on ne peut pas laisser de côté son anthropologie, ancrée dans sa foi catholique, et plus particulièrement dans sa façon d’interpréter l’Évangile. Il n’explicite ces fondements de sa pensée qu’à de rares occasions (surtout dans des contextes chrétiens), ce qui ne fait qu’augmenter la valeur de ses propos.

Nous sommes appelés à nous y [dans le Mouvement] respecter mutuellement, sur le plan de nos idéaux, de nos croyances, de notre foi et de nos engagements. (…) Aux yeux des chrétiens qui sont engagés dans son combat, il n y a pas seulement un lien symbolique entre le sous-prolétariat et l’Évangile. Pour eux, les sous-prolétaires vivent, parlent, agissent dans l’écriture, ils les y rencontrent à chaque page.[33]

Au centre de son anthropologie, Wresinski situe donc le sous-prolétaire, l’homme de la misère qui, comme nous l’avons constaté dans le chapitre précédent, avec ses compagnons d’épreuve, constitue un peuple ayant une identité collective. Pour Wresinski, il est la parfaite effigie de Dieu malgré le dénuement qui le caractérise à de multiples points de vue – ou plutôt : précisément à cause du fait qu’il n’a pour seul refuge que la misère. En d’autres termes, paradoxalement, c’est cette privation multiple – étant en même temps la cause et la conséquence de l’exclusion – qui permet de voir se révéler dans le pauvre en toute pureté l’essentiel de l’être humain, sans que ne vienne s’y ajouter aucun artifice, et il devient ainsi le porteur authentique de l’humanité universelle.[34]

Cette intuition se nourrit de la doctrine selon laquelle le Messie a voulu assumer une communauté de destin surtout avec les exclus de tous les temps et que, par sa crucifixion, il a voulu nouer une nouvelle alliance justement en tant que « Serviteur souffrant » de Dieu. Même si les accusations contemporaines – d’après lesquelles les premiers chrétiens sont uniquement des pauvres, des femmes, des enfants ou des esclaves – s’avèrent infondées, les sources de ces temps-là prouvent que Jésus s’est fait entourer justement de ces populations. Ceux qui le suivent sont les exclus de leur communauté : des lépreux, des personnes possédées par des démons, des prostituées, des adultères, des gens prisonniers de différentes dépendances. Pour Wresinski, ce sont justement eux qui sont les premiers destinataires de l’Évangile, et ce sont toujours eux qui seront les premiers dans le Royaume de Dieu. Selon sa lecture de la Bible, c’est parmi eux que Jésus a vécu, c’est avec eux qu’il a assumé une communauté de destin, et il a attiré les mêmes regards réprobateurs sur lui-même, voire il a scandalisé « les hommes de bien », tout comme les familles vivant dans la misère. Qui plus est, il n’était pas seulement semblable aux rejetés, il en était un lui-même, devenant le rejeté par excellence. Toute cette vision s’enracine dans la considération christologique selon laquelle les pauvres sont dans le Fils, c’est-à-dire dans le Christ, autrement dit, ils sont d’une manière toute spéciale les fils de Dieu. Dieu se révèle dans l’état de manque comme Celui qui par l’Incarnation s’est fait affamé, assoiffé, prisonnier, nouveau-venu pour rejoindre jusqu’à l’homme le plus déshérité.[35] Cet enseignement de Jésus, que nous avons cité plus haut, est devenu un principe très important du christianisme, et pour Wresinski, la pierre d’angle de sa vie et de sa pensée.

La même lecture radicale de l’Évangile guide ses propos lorsqu’il parle de l’Eucharistie, de la famille ou de la responsabilité des prêtres.[36] Pour l’illustrer, nous citons la manière dont le fondateur du Mouvement paraphrase la mission que Jésus confie à ces apôtres (« Allez donc auprès des hommes de toutes les nations et faites d’eux mes disciples, baptisez-les au nom de Père, du Fils et du Saint-Esprit », Mt 28, 19):

Allez baptiser ceux qui sont au fond des ruelles, ceux qui n’ont pas été invités au repas, à cause de leur situation et de leur vie misérables qui en font des hommes humiliés. Allez voir les chômeurs de longue durée, ceux dont les pères, déjà, n’avaient pas de travail reconnu et honoré; allez voir les enfants mal scolarisés, les mères sans le moindre argent, les familles logées dans les cités délabrées et mal famées.[37]

La responsabilité urgente de supprimer la misère pour le Père Joseph découle donc précisément du regard porté sur le plus pauvre en tant que l’effigie de Dieu et de la considération selon laquelle, par son Incarnation, le Christ a pris sur lui la misère avec toute son horreur.

Conclusion
S’unir autour du plus pauvre, sans théorie ni idéologie, dans la recherche d’une réponse universelle – voilà le défi de Joseph Wresinski et du Mouvement ATD Quart Monde. D’aucuns le qualifieront de rêve utopique, sentimental ou volontariste. Pourtant, comme nous l’avons vu, ce projet hors norme est profondément inspiré par la réalité. D’une part, par l’exigence primordiale d’accorder les droits de l’homme à tous ceux qui en sont privés, et, par voie de conséquence, supprimer la misère, et de l’autre, par la vocation chrétienne la plus universelle selon Wresinski : reconnaître le visage du Christ dans celui du plus misérable. Cette vision double s’incarne dans le Mouvement ATD Quart Monde qui sert de modèle pour un changement de regard, qui est en même temps aussi un changement de système de référence pour la réflexion. Au centre de ce regard et de cette réflexion se trouve alors l’homme défiguré par la misère et pourtant porteur authentique de l’humanité universelle car c’est en lui que se lient indivisiblement les droits de l’homme et la filiation divine toute particulière des plus pauvres.

B i b l i o g r a p h i e
BEGASSE de DHAEM, A. : Théologie de filiation et universalité du salut. L’anthropologie théologique de Joseph Wresinski. Paris : Cerf, 2011.
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DEFRAIGNE TARDIEU, G. : L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire. Paris : Éditions Presses universitaire de Paris Ouest, 2012.
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WRESINSKI, J. : Culture et grande pauvreté. In : Revue d’éthique et de théologie morale. N°235, 2005. pp. 9-26.
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WRESINSKI, J. : Le Quart Monde. Un peuple en marche. In : Igloos, N° 122, Pierrelaye, 1981. pp. 3-4.
WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église. Paris : Éditions du Cerf – Éditions Quart Monde, 2011.
WRESINSKI, J. : Les pauvres, rencontre du vrai Dieu. Paris : Éditions du Cerf, 2005.

N o t e s
[1] Son texte intégral est le suivant: « Le 17 octobre 1987 des défenseurs des droits de l’homme et du citoyen de tout pays se sont rassemblés sur ce Parvis. Ils ont rendu hommage aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence. Ils ont affirmé leur conviction que la misère n’est pas fatale. Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent à travers le monde pour la détruire. Là, où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »
[2] WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église, Paris : Édition du Cerf – Éditions Quart Monde, 2011. pp. 184-185.
[3] DACOS-BURGUES, M.-H. : Agir avec Joseph Wresinski. L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde. Lyon : Chroniques sociales, 2008. p. 27.
[4] Cf. le 1er article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
[5] De ces initiatives naîtra le Forum permanent sur l’extrême pauvreté dans le monde. Le volontariat évolue aux niveaux de l’effectif et du contenu de l’engagement. Le Mouvement organise des Assises chaque année, les alliés s’y impliquent de plus en plus nombreux, aussi le travail effectué auprès des familles devient-il de plus en plus complexe. Au cours des années 1970, le Mouvement arrive dans les pays du Sud, d’abord en Amérique de Sud, puis en Asie, enfin en Afrique.
[6] Il est adopté à l’unanimité par le Conseil et s’avère un pas historique dans la lutte contre la misère : il servira de base pour le premier projet global d’action politique dans ce domaine.
[7] WRESINSKI, J. : Le Quart Monde. Un peuple en marche. In : Igloos, N° 122, Pierrelaye, 1981, pp. 3-4.
[8] Pour favoriser l’accès au savoir de différentes générations des plus pauvres, il crée des pré-écoles, des pivots culturels, des cours d’alphabétisation, des clubs de lecture et d’écriture et des clubs du savoir. Il organise des bibliothèques de rue et des bibliobus dans les bidonvilles.
[9] WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église, Op. cit., pp. 253-254.
[10] GRIEU, É. : Refuser la misère, le Père Joseph Wresinski et ATD Quart Monde. In : Transversalités, N°111, 2009. juillet-septembre, pp. 91-103.
[11] WRESINSKI, J. : Culture et grande pauvreté. In : Revue d’éthique et de théologie morale. N° 235, 2005. p. 10.
[12] Il s’agit surtout des révoltes de la jeunesse étudiante parisienne de 1968 et de leur projet d’établir une université alternative plus authentique que l’université institutionnelle basée sur l’autorité et sur la hiérarchie.
[13] Cité par DEFRAIGNE-TARDIEU, G. : L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire. Paris : Éditions Presses Universitaires de Paris Ouest, 2012. pp. 246-249.
[14] http://www.joseph-wresinski.org/IMG/pdf/Echec_a_la_misere.pdf, p. 26. (consulté le 11 janvier 2015)
[15] DEFRAIGNE TARDIEU, G. : L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire. Op. cit.
[16] WRESINSKI, J. : Culture et grande pauvreté. In : Revue d’éthique et de théologie morale. No. 235. Op. cit., pp. 9-26.
[17] MONFILS, T. : Le Père Joseph Wresinski fondateur d’ATD Quart Monde. Bruxelles : Culture et Vérité, 1994.
[18] WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église. Op. cit., pp. 177-178.
[19] WRESINSKI, J. : Culture et grande pauvreté. In : Revue d’éthique et de théologie morale. N° 235. Op. cit., pp. 9-26.
[20] MONFILS, T. : Le Père Joseph Wresinski fondateur d’ATD Quart Monde. Op. cit.
[21] WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église. Op. cit., p. 209.
[22] Ibid., p. 209.
[23] Ibid., p. 120.
[24] Cf. DACOS-BURGUES, M.-H. : Agir avec Joseph Wresinski. L’engagement républicain du fondateur du Mouvement ATD Quart Monde. Op. cit., LECLERC, M. : L’anthropologie du Père Joseph Wresinski: entre Philosophie et Théologie. In : Colloque international Joseph Wresinski. Acteur et prophète du peuple des pauvres. Paris : Éditions Quart Monde, 2004. pp. 43-54.
[25] Cf. notre note n° 20
[26] WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église. Op. cit., p. 200.
[27] Ibid., p. 30.
[28] MONFILS, T. : Le Père Joseph Wresinski fondateur d’ATD Quart Monde. Op. cit., p. 70.
[29] cf. Jn. 17, 21-23.
[30] cf. Igloos N° 8, 1962, numéro dédié au Volontariat.
[31] WRESINSKI, J. : Écrits et paroles aux volontaires, Paris, Éditions Quart Monde, 1992. p. 377.
[32] Nous n’en citons ici que l’idée centrale : « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, et recevez le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger et vous m’avez accueilli chez vous; j’étais nu et vous m’avez habillé; j’étais malade et vous avez pris soin de moi; j’étais en prison et vous êtes venus me voir. »
[33] Igloos, N° 87-88, pp. 11-12.
[34] LECLERC, M. : L’anthropologie du Père Joseph Wresinski: entre Philosophie et Théologie. In : Colloque international Joseph Wresinski. Acteur et prophète du peuple des pauvres. Op. cit., et MONFILS, T. : Le Père Joseph Wresinski fondateur d’ATD Quart Monde. Op. cit.
[35] BEGASSE DE DHAEM, A. : Théologie de filiation et universalité du salut. L’anthropologie théologique de Joseph Wresinski. Paris : Cerf, 2011.
[36] « Jésus dit : Faites-le en mémoire de moi. Chaque fois que vous célébrez l’Eucharistie, je serai là, dans ma misère. C’est de mon corps broyé, jeté dehors, dont vous serez les serviteurs. Vous célébrerez le mystère de la misère.» (WRESINSKI, J. : Les pauvres, rencontre du vrai Dieu. Paris : Éditions du Cerf, 2005. p. 127.); «la famille des pauvres [est] toujours semblable à la Famille en fuite, avec son enfant menacé.» (WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église. Op. cit., p. 120.); « En vérité, peut-être notre souffrance de prêtre, notre inquiétude est-elle qu’au terme de notre vie, le Seigneur puisse dire : ”J’étais en ceux-là, j’étais dans ce taudis, dans cette cité d’urgence. Cette famille paralysée d’angoisse, ces enfants privés d’instruction, c’était moi. Tu es passé près de moi, et tu ne m’as pas reconnu, tu ne t’es pas attardé.”» (WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église. Op. cit., p. 81.)
[37] WRESINSKI, J. : Les pauvres sont l’Église. Op. cit., p. 53.

Kiss Gabriella
Université de Szeged, École doctorale des sciences de l’éducation
6722 Szeged, Egyetem u. 2.
kkissg@yahoo.fr

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