Famille, héritage familial et politique slovaque : les signataires de la Déclaration de Martin dans une « généalogie patriotique »

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L’importancedes familles et des réseaux familiaux dans l’organisation de la sociétéslovaque, en particulier au xixe siècle appartient aux topoï del’historiographie (Novosad 2004, 101). De nombreuses études sectorielles ourégionales attestent du caractère décisif de cette dimension sur la moyenne etla longue durée. L’étude qui suit prend le parti de l’image arrêtée sur ungroupe en particulier, à la charnière de deux époques de l’histoireslovaque ; celui des signataires de la Déclaration de Martin du30 octobre 1918. Au-delà de l’importance de son contenu, la Déclaration deMartin est en effet l’un des rares textes de l’histoire slovaque à avoir étéadopté par un nombre aussi important d’hommes de sensibilités, d’âges et deconfessions aussi divers – réunis précisément pour cette raison – età avoir fait un choix aussi proprement révolutionnaire. C’est la conjonction deces trois éléments, tous également importants, qui fait de cette Déclaration unobjet unique de l’histoire slovaque, très étudié pour son contexte général,dans son déroulement et sa signification (Hronský, Pekník 2008 ; Grečo 1939 ;Thurzo 1969), pour le rôle joué par certains de ses acteurs (Kováč 2000 ;Michálek, Krajčovičová 2003), mais moins comme le champ d’analyse de la sociétépatriotique slovaque qu’il est. Leurs grandes caractéristiques régionales,professionnelles et confessionnelles sont connues mais, à notre connaissance,l’approche par le biais familial n’a fait l’objet que d’études partielles dansles travaux biographiques généraux (SBS, I-VI, 1986-1994 ; BLS, I-III,2002-2007), locaux (Matovčík, Parenička, Ďuriška 2006 ; Kollárová 2004 ;Matovčík 2010 ; Choma 1993), à dimension confessionnelle (Kol. 1997 ; Kol.2000) ou familiale (Ďuriška 2007 ; Parenička 2002). Ce matériau permet uneébauche d’analyse plus proche de la démarche prosopographique au sens que luidonne Jean Maurin, « se nourri[ssan]t de biographies particulières mais lesdépass[ant] toutes car […] elle est recherche dans des destins individuels deconstantes ou de variations par rapport à dautres destins de même milieu ou de mêmetrajectoire » (Maurin 1982, 825). Cette démarche est féconde pour observerdes trajectoiresindividuelles dans leur complexité et dans leur interaction. Elle permet detester des hypothèses et, en l’occurrence, de recomposer destrajectoires et des dynamiques familiales qui signalent ou éclairent lestransformations intellectuelles aussi bien que certains courants profonds de lavie politique et culturelle slovaque qui dépassent l’événement lui-même.

Nousproposons ici de tracer quelques pistes afin de cerner quelques éléments duprofil familial de ces hommes. Différentes approches étaient possibles. Nousavons choisi de rechercher les solidarités familiales potentielles, les« fronts de parenté » au sens que leur donne Giovanni Levi dans unedouble dimension. D’une part, celle qui relie des « familles dans le sensde groupes non corésidents mais liés par des liens de parenté consanguine, pardes alliances ou par des relations de parenté fictive qui apparaissent… commedes blocs structurés pour s’affirmer face à l’incertitude du mondesocial » (Levi 1989, 65). D’autre part, comme le « réseau desclientèles, des protections et des fidélités [qui] replace l’histoire de lafamille dans un contexte qui est essentiel pour en expliquer les comportementset la stratégie », chaque noyau familial n’agissant pas isolément, maisétant appelé à réaliser des choix dans un réseau social composite (Levi 1989, 80).Dans tous les cas, nous cherchons à approcher des formes de dynamiquesfamiliales que la prise en compte d’autres indices pourrait venir corroborer oumoduler.

Pourcette approche de l’héritage familial, nous privilégions trois angles que sontles liens familiaux existant entre les signataires eux-mêmes, la présence depatronymes centraux du mouvement national qui suggère des recompositionsfamiliales et stratégies matrimoniales dont les signataires sont des héritiers,enfin des indices de la constitution d’un tissu patriotique familial restreintmais actif près d’un demi-siècle avant la Déclaration elle-même.

Famille etindividus : Les liens familiaux au sein du corpus

Lepremier niveau d’observation est celui des liens familiaux entre signataires dela Déclaration. Observé statiquement, ce groupe fait apparaître une densité deconnexions familiales. On y trouve plusieurs couples pères-fils, des fratries,de très importants cousinages – en ligne directe ou par alliance –,des fragments de parentèles significatives par leur patronyme, des structuresfamiliales complexes construites – le plus souvent – sur deuxgénérations. Nous avons ainsi identifié au moins 29 liens – au premier ouau deuxième degré – qui concernent 39 signataires. Ils sont« verticaux » ou « horizontaux ».

Dansle premier cas, il existe trois configurations différentes : père-filsdans trois cas (Fábry, Izák et Kresák), oncle-neveu (direct dans trois cas[1], par alliance dans quatreautres[2]),beau-père – gendre dans un cas[3].

Dansle cas des couples pères-fils, les pères – Jozef Fábry (1858-1928)[4], Gustáv Izák (1847-1937)et Cyril Kresák (1863-1945) – ont joué un rôle au moins local dès la findes années 1880, en particulier dans le Spevokol de Martin (Turzo 1974,190-204) ou dans les institutions qui se créent entre le milieu des années 1880et 1890. Jozef Fábry a ainsi pris part à la fondation de la Maison nationale(1888), mais aussi à celle de la Société slovaque du Musée (1895), tout commeG. Izák qui, plus âgé, avait été fondateur du Spevokol, de la KÚS (1869) etdirige la bibliothèque de la Maison nationale dans les années 1890. Ilsappartiennent aux conseils d’administration de plusieurs de ces institutions,ou en sont actionnaires de longue date[5]. Ils appartiennent à lagénération qui a développé les activités bancaires et commerciales : Fábryet Izák sont parmi les fondateurs de la Tatra banka[6] – Izák en est membrede la direction dès 1885 –, ou de la brasserie de Martin (1893). CyrilKresák est employé de la Sporiteľna dès 1882, puis dirige la filiale de Senicade la Tatra de 1888 à 1913.

Dansles douze signataires reliés par un lien oncle-neveu, les oncles sont tousactifs de longue date. Au cours de leurs études à Prague ou à Vienne, certainsse sont impliqués dans les associations estudiantines slovaques locales ; c’estle cas d’Aurel Styk (1863-1958), membre du Detvan de Prague[7], ou de Ľudovít Šimko (1859-1945),trésorier puis président du Tatran de Vienne entre 1880 et 1883 avant d’avoirdes activités politiques plus locales. L’un d’entre eux, Vladimír Makovický(1862-1944), de la grande famille d’entrepreneurs du Liptov représente un casparticulier : fondateur de plusieurs entreprises, véritable mécène dumouvement national, employeur de plusieurs signataires au cours des vingtannées qui précèdent le déclenchement de la Grande Guerre, il incarne lafamille d’entrepreneurs slovaques du début du siècle et se trouve, comme nousle verrons, au milieu d’un réseau familial dense. Ladislav Thomka (1864-1941),enfin, fait partie du petit nombre de grands propriétaires du Turiec quiparticipe au mouvement national.

Lesliens horizontaux entre signataires permettent d’aborder les alliancesfamiliales. Le cas des cousinages est intéressant. Ceux-ci peuvent être directs– les trois Šimko, Fedor Jesenský (1877-1958) et Ľudovít Vanovič (1878-1949),Igor Beniač (1881-1958) et Ján Izák (1885-1946) –, ou par alliance, dansquatre cas qui concernent dix signataires[8]. Le cas des beaux-frèressignataires concerne sept paires, toutes par alliance sauf dans un cas[9]. Cette catégorie de liensdonne de premières indications sur les alliances familiales existant au sein dugroupe. Il est aussi possible de s’interroger sur les familles qui font le lienentre chaque composante de la paire, en émettant l’hypothèse que ces alliancesont une signification en termes de statuts, de stratégies et de dynamiquesfamiliales. Trois des six alliances concernent des familles en vue du mouvementnational au moment de leur conclusion – Samuel Štarke (1861-1931) et EmilStodola (1862-1945), Ján Burján (1886-1945) et Ivan Dérer (1884-1973), JurJanoška (1856-1930) et Fedor Jesenský. Les deux premières retiendront ici plusparticulièrement notre attention.  

Dansle cas d’Emil Stodola et de Samuel Štarke, le lien s’opère par la famille Pálka(Ďuriška 2012). Chacun de leur frère a épousé l’une des filles d’Ondrej Pálka,tanneur important de Liptovský Mikuláš, qui a repris la tannerie de son père en1860, l’a transformée et équipée à partir des années 1880. Ondrej Pálka est parailleurs un patriote actif à Liptovský Mikuláš, membre du Tatrín, membrefondateur de la Matica et du lycée de Martin, il a contribué à ranimer labeseda locale à partir de 1891 et appartient également au conseil municipal etau Conseil de comitat du Liptov. C’est donc une personnalité en vue de laville, tout comme le sont les frères Štarke à Martin : Pavol qui a épouséAnna Pálková a une grande activité commerciale locale, partagée entreboulangerie, hôtellerie, commerce du vin. Samuel, de son côté, est un membre envue de la MSS et du Spevokol et appartient au CA de la Tatra banka. Les Stodolade leur côté sont la famille d’industriels de la peausserie de Liptovský Mikuláš.

Ledeuxième cas concerne des personnalités de premier plan de la période de remiseen cause de la politique du Parti national, Ján Burján et Ivan Dérer, qui onttous deux épousé des filles de Miloš Štefanovič, fer de lance de la« génération intermédiaire hors Martin », souvent considéré comme legrand dynamiteur de la politique de passivité du SNS dans les dernières annéesdu xixe siècle (Podrimavsky 1983, 101 et s. ; Holec 1999,31-40) et dont le père, Samuel, avait été l’un des 22 membres du Comiténational permanent de 1861 (Bokes 1962, 323). Il renvoie à la double dimensiond’un ancrage familial dans l’action nationale et à celle de la remise en causedes choix faits dans les années 1870, signale la part de plus en plusimportante prise par les régions occidentales, y compris Presbourg, dans lemouvement national. C’est d’ailleurs à Presbourg, où Miloš Štefanovič a exercéà partir de 1887 après avoir été koncipient chez Matúš Dula (1846-1926) àMartin, qu’Ivan Dérer, fils de Jozef, avocat et patriote réputé du Záhorie,fréquente la famille Štefanovič[10]. Quant à Ján Burján, ilappartient à une famille de la noblesse de Zemianská Dedina, et sa mère est lafille de Daniel Božetech Makovický et d’une Švehlová.

Unedernière alliance a un caractère unique dans le groupe étudié, c’est celle quilie Ľudovít Vanovič et Miloš Petrikovich (1880-1969). Les deux descendent defamilles de la noblesse locale ; Miloš Petrikovich, de la branche cadette,se marie avec sa cousine Gabriela, la fille de Ján Petrikovich, médecin decomitat, puis directeur de l’hôpital de comitat et vice-président de la MSS de1895 à 1908. La fille cadette de Ján Petrikovich a épousé Ľudovít Vanovič, filsde Terézia Jesenská et de Peter Vanovič, familles appartenant toutes deux à lanoblesse locale.

Commele suggèrent les derniers exemples, des réseaux familiaux se sont constituéssur deux ou trois générations, et qui peuvent croiser des généalogiesimportantes dans la société patriotique slovaque à différentes époques et quistructurent en partie cette dernière.

Patriciatpatronymique et dynamiques familiales

Certainsnoms marquants d’un « patriciat » patriotique sont ainsi présentsdans la liste des signataires. Ils commandent parfois des ramificationsfamiliales avec d’autres signataires ou familles.  

Prenonscomme référence la création, au lendemain de l’adoption du Mémorandum de juin1861, d’un Comité national permanent qui fait office de premier organepolitique collégial. Sa composition permet d’établir une petite cartographiedes hommes influents du milieu patriotique à cette date. On y retrouve deuxpères (Ján Jesenský, Andrej Hodža), deux oncles (Štefan Marko Daxner, MichalMiloslav Hodža) et deux grands-pères (Ján Országh, Viliam Pauliny-Tóth) designataires de la Déclaration de Martin. Outre les descendants directs de cessix hommes, on observe la construction d’un réseau de relations familiales– parfois interconnecté – qui donne une première indication surl’inscription dans une tradition familiale patriotique d’une partie dessignataires de la Déclaration.

Leréseau familial le plus dense concerne les deux plus jeunes déclarants, Iľja(1896-1965) et Platon (1899-1955) Pauliny-Tóth[11]. Ils sont les petits-filsde Viliam Pauliny-Tóth. Bien que seuls descendants par la branche masculine,ils ont des liens avec plusieurs signataires. Leur mère, Margita, est néeMilecová par son père et sa mère est une Makovická, Oľga Ľudovíka, sœur deVladimír Makovický. Leur cousine Oľga est par ailleurs mariée à Peter PavolMakovický, le frère cadet du même Vladimír. Une de leurs tantes paternelles,Elena, était l’épouse de Miloš Štefanovič, et deux de leurs cousines, Viera etJela, nées Štefanovičová, sont mariées respectivement à Ján Burján et à IvanDérer, eux aussi signataires. Deux autres de leurs tantes paternelles ont unlien étroit avec des signataires : Vilma d’une part, a épousé Matúš Dula (1846-1926)et est donc la mère d’Igor Dula, leur cousin. Jana, d’autre part, a épouséLadislav Thomka-Markovický, grand propriétaire du Turiec et membre actif dumouvement national. En deux générations et à deux degrés, huit signatairesappartiennent à la parentèle de Viliam Pauliny-Toth.

Lafamille Pauliny-Tóth reste très importante et visible dans le paysage nationalet le restera encore quelques décennies (Parenička 2002). Il convient deremarquer la grande rapidité avec laquelle les stratégies matrimoniales de lafamille lui permettent de s’apparenter, sur deux générations, aux Štefanovič,aux Dula, aux Makovický et aux Milec, c’est-à-dire à quelques-unes desprincipales familles représentant l’héritage historique du Mémorandum de 1861,de l’essor industriel et commercial, des notabilités politiques de Martin et dela contestation du SNS. Les Milec étaient eux-mêmes liés aux Švehla, et sontune famille importante de Martin au milieu du siècle, les Dula font le lienentre la génération du Mémorandum et la fin du xixe siècle.Quant aux Štefanovič et aux Makovický, ils marquent de leur empreinte le tournant du siècle et les premières annéesdu xxe siècle, tant dans le domaine proprement politique, grâceau rôle joué par Miloš pour les premiers, que dans le domaine commercial etindustriel pour les seconds (Ďuriška, 2007).

Autrepatronyme important de l’histoire slovaque du xixe siècle, dontl’intégration dans le corpus tient à son rôle joué au soir de la réunion deMartin et dans la réécriture de la Déclaration adoptée l’après-midi alors qu’iln’était pas présent : Milan Hodža (1878-1944), fils d’Andrej et neveude Michal Miloslav. Comme dans le cas des Pauliny-Tóth, la descendance de cettefratrie intègre plusieurs signataires appartenant à deux générations distinctes[12]. AurelStyk (1863-1958) est le gendre de Juraj, et donc le cousin par alliance deMilan ; Michal Brxa (1860-1920) est le deuxième époux de Božena, lebeau-frère de Styk et de Milan Hodža, et son fils, Igor, a épousé en secondenoce Viera, la fille de Blažej Bulla (1852-1919). Michal Brxa est parailleurs le parrain d’Ivan Thurzo (1882-1964). Une autre cousine de MilanHodža, Anna, fille de Ján, a épousé Ľudovít, le frère de Gustáv Izák,c’est-à-dire l’oncle de Ján Izák. À partir des deux frères Hodža du Comiténational de 1861, on trouve donc sept nouveaux signataires.

Lesliens familiaux des autres familles sont moins affirmés mais pas moinsimportants. Štefan Marko Daxner est l’oncle du signataire SamuelDaxner (1856-1949). Le lien entre le père du Mémorandum et les signatairesne s’arrêtent pas là[13].  La fille de Štefan Marko, Anna, a épousé JurJanoška et son fils a épousé Ľudmila Jesenská, la fille de Ján BaltazárJesenský et la sœur du signataire Fedor Jesenský. Les enfants Jesenský sont parailleurs cousins de Ľudovít Vanovič. Les familles Jesenský et Daxner ont ainsiun lien de parenté avec quatre signataires. Pour ce qui est des Országh enfin,c’est le signataire Slavomír qui est le petit-fils de Ján.

Ainsi,à partir de six membres du Comité permanent et de cinq familles, il existe– à deux degrés au plus – un lien de parenté avec vingt signataires.Cette profondeur du lien avec le mouvement national n’est pas la seuledimension qui relie les individus de la Déclaration à une histoire familiale dumouvement national, même si leurs racines n’ont pas la brillance des patronymesque nous venons d’évoquer. Ce phénomène intéresse au premier chef des famillesdes trois comitats les plus représentées du corpus – Orava, Liptov,Turiec – dont des ascendants ont exercé d’importantes responsabilitéslocales ou utilisé des stratégies matrimoniales qui renseignent sur lesdynamiques sociales et familiales.

Concernantle premier cas, l’exemple des cousins Šimko donne une idée des alliancesconclues à Martin au cours du xixe siècle et réintroduitplusieurs signataires dans une généalogie importante de notabilités locales.Ján Šimko-Klanica, le père de Ľudovít (1859-1945) est un paysan qui aprogressivement exercé des activités publiques et politiques à Martin etparticipé à l’insurrection de 1848-49. C’est un ami de Štefan Marko Daxnerauquel il offre le gîte en juin 1861 lors de l’Assemblée qui adopte leMémorandum. Plus tard, il est membre fondateur de la Matica, de la KÚS, de laSporiteľna, et appartient au CA de ces deux dernières institutions.

Lefrère de Ján, Samuel, est le père de Miloš Šimko (1860-1923). Il est marié àZuzana, une fille d’Andrej Švehla. Il compte parmi les vingt-six donateursayant permis la création du lycée de Martin et appartient à son Conseil dès sacréation en 1867 (Čečetka 1939, 13-14). Il est également membre du conseil municipal de Martin à partir de 1880,devient maire de la ville en 1892 et le reste jusqu’en 1904. C’est lui, enoutre, qui a fondé en 1876 l’Association industrielle qu’il préside jusqu’en1897, et il représente le Turiec à la Chambre de commerce et d’industrie deBratislava de 1877 à 1892. Cette figure locale a, au demeurant, réussi sonmariage puisque Miloš Šimko est par sa mère le petit-fils d’Andrej Švehla,figure de Martin, maire de la ville de 1850 à 1860, puis de 1863 à 1875, membrefondateur de la Matica, responsable de recueillir les dons destinés à laconstruction de la Maison de la Matica, il a en outre participé à la fondationdu KÚS et exerce la fonction de dozorca de l’église protestante pour le sénioratdu Turiec (Ďuriška 1996 ; Ďuriška 1999).

Sil’on remonte encore un peu le fil de la famille de Miloš, sa mère Zuzana,Švehlová par son père, est Kašovicová par sa mère, également prénommée Zuzana.Les Kašovic sont une des familles importantes de Martin dans la première moitiédu xixe siècle. Le grand-oncle maternel de Miloš, AndrejKašovic est l’un des 41 habitants du Turiec à avoir signé l’osvečenie pourla langue slovaque en 1846. Il a appartenu au Conseil de comitat renouvelé dejanvier 1849, a fait partie des volontaires dans les armées Hurban avant dedevenir notaire municipal. Signe de sa position, deux de ses filles ont concludes mariages avec des familles importantes du mouvement slovaque local :Zuzana avec Ambor Pietor (Ďuriška 2007; Parenička 2007), et Anna avec PavolMudroň, président du Parti national de 1877 à 1914, dont naîtra une fille,également prénommée Anna, épouse d’Andrej Halaša et mère du signataire de laDéclaration de 1918, Dušan (1883-1936).

Sile cas Šimko intéresse les alliances à Martin même, une autre trajectoirefamiliale montre des stratégies plus régionales, sur deux générations. C’est lecas des Makovický que l’on retrouve au cœur d’une parentèle essentielle del’activité patriotique sous ses différentes formes ; la trajectoire de lafamille Makovický sur trois générations est spectaculaire par l’immense réseaufamilial qu’elle produit. Le seul signataire portant le patronyme est Vladimír,né en 1862 (Ďuriška 2007, 150-160). La génération précédente est composée dedeux frères principalement, Peter Pavol et Daniel Božetech, dont le statut estdéjà suffisant pour que le premier épouse une Pálková, et le second uneŠvehlová, issues de deux familles importantes, respectivement de Ružomberok etde Martin. L’aîné des deux – 3e de la fratrie –, Peter Pavol, aonze enfants (dont trois meurent en bas âge). La sœur de Vladimír, Oľga Ľudovíka,épouse Ján Emil Milec qui est d’ailleurs Švehla par sa mère. La deuxième fille,Ľudmila Anna, épouse Daniel Šimon Beniač, fils de Daniel, un bourgeois deNemecká Lupča, mécène du mouvement national, membre fondateur de la Matica etdu lycée de Martin (Štefko 1967, 155), membre du conseil municipal de NemeckáLupča et du Conseil de Comitat. Daniel Šimon est un entrepreneur en vue duTuriec, installé à Ružomberok en 1876 où il a participé à la création deplusieurs entreprises et de banques, et dont la sœur Žofia est l’épouse de GustávIzák (1847-1937). Peter Pavol, troisième fils à atteindre l’âge adulte épouseOľga, la fille de l’avocat Matúš Dula. De deux ans son aîné, Vladimír a épouséElena, la fille d’Ambróz Pivko, signataire du Mémorandum de 1861, très boncamarade du président du SNS, Pavol Mudroň, qu’il a connu lors de leurs étudesà Vienne et qui s’est installé à Martin où il a contribué au financement dulycée, participé à la fondation de la KÚS et de l’association Jednota (Pivko1996, 24). Son épouse, la belle-mère de Vladimír, est par ailleurs la premièreprésidente de Živena, et le reste jusqu’en 1894.

Toujoursà la deuxième génération, par la branche cadette, celle de Daniel Božetech, lesmariages ne sont pas moins réussis. Sur les douze enfants, dont six meurent enbas âge, trois filles font des alliances importantes qui les placent au cœur decertaines familles actives politiquement, commercialement et culturellementdans le quart de siècle qui précède la guerre. L’aînée, Ružena Anna  a épousé en 1875 Jozef Houdek. Sa cadetteBohdana Amália a épousé Jozef Škultéty. Quant à Amália Božena, la cadette, ellea épousé un jeune médecin de Ružomberok, descendant d’une famille de la petitenoblesse de Liptovská Štiavnica, Jozef Matúš Burján. Cette deuxième générationa donc créé des alliances avec les familles Milec, Beniač, Pivko, Dula, Houdek,Škultéty et Burján.

Cettestratégie se poursuit dans la génération suivante, ce qui fait écrire aubiographe de la famille, Zdenko Ďuriška, que « dans la famille Makovický,c’était pour ainsi dire devenu une tradition que les fils se trouvent uneépouse à Martin » (Ďuriška 2007, 180). Les troisième et quatrièmegénérations sont tout aussi importantes. C’est le cas notamment de trois desenfants d’Oľga Ľudovíka et de J. E. Milec. Anna épouse Igor Pietor,le fils d’Ambor, dont la mère est née Kašovicová ; Margita épouse Žigmund,le fils de Viliam Pauliny-Tóth dont elle aura deux fils signataires, Iľja etPlaton ; Jana, enfin, née en 1883, épouse le grand propriétaire LadislavThomka.

Dansla branche cadette, l’un des fils Houdek, le cadet Ivan, se marie avec VieraMarkovičová, la fille du signataire Rudolf (1868-1934), petite-fille de SHV parsa mère. La jeune Viera Houdková est mariée à Jozef Trnovský dont le frère Ivan(1873-1949) est signataire. Enfin, Ján Burján, le fils d’Amália Božena et de J.M. Burján, épouse Viera Štefanovičová, troisième fille de Miloš Štefanovič etpetite-fille de VPT par sa mère. Les troisième et quatrième générations, lesdeux branches confondues, allient donc les Makovický aux Pietor, auxPauliny-Tóth, aux Thomka, aux Hurban, aux Trnovský, aux Štefanovič et auxMarkovič.

À la recherched’indices complémentaires d’une généalogie patriotique

D’autresangles permettent de rattacher les signataires à une généalogie patriotique,indépendamment des parentés et des alliances immédiatement observables dans lecorpus de signataires lui-même ou par l’effet de grands réseaux familiauxprogressivement constitués. Nous ouvrirons ici quelques pistes en utilisant uneapproche plus quantitative qui renvoie moins aux éléments biographiques qu’à unrythme de construction de la société patriotique dans quelques-unes de sesdéclinaisons entre 1861 et 1900. Quelques institutions à vocation nationalesont ici prises en considération en tenant prioritairement compte des périodesinitiales. Nous cherchons ainsi à y voir autant les traces de l’activité ou del’engagement des pères dans la fondation d’institutions structurantes que celledes signataires eux-mêmes – qui apparaissent en nombre croissant à partirdes années 1890. Ces séries d’indices, qui chacune mériterait d’être développée,permettent de confirmer l’importance de certaines généalogies et d’en faireapparaître d’autres, plus isolées et qui ne s’analysent pas en liens entre signataires,mais qui n’en sont pas moins importantes pour mesurer l’empreinte d’unehistoire familiale sur les hommes de la Déclaration.

Ense limitant aux deux institutions nationales les plus significatives, la Maticaslovenská et la Société slovaque du Musée [Muzeálna slovenská spoločnosť],l’importance de la dimension familiale de l’engagement chez les signatai resapparaît.

Concernantles liens entre les signataires de la Déclaration et les membres de la Matica,faute d’avoir pu identifier l’ensemble des liens par la branche féminine, nousprenons ici en compte prioritairement les identités patronymiques ou lesbranches masculines en sondant deux années éloignées l’une de l’autre 1866/67et 1874[14]. Le cas le plus simple– mais le plus rare – est celui des signataires eux-mêmes membres dela Matica avant son interdiction en 1875. On trouve Matúš Dula, déjà cité, etSamuel Jurenka (1854-1930) pour 1866-67. Plus nombreux en revanche sont ceuxdes signataires dont les ascendants sont alors membres de la Matica. Ce lienpeut-être direct ; on trouve ainsi au moins 25 pères de signatairesmembres de la Matica en 1866-67, ainsi que six grands-pères, neuf oncles et ungrand-oncle, auxquels on peut ajouter des liens indirects, par alliance, quiconcernent au moins six beaux-pères, et plusieurs beaux-frères de signataires.Compte tenu de l’intrication des liens familiaux, ce sont au moins 40signataires qui ont un lien familial à deux degrés au plus avec un adhérent dela Matica en 1866-67. Le phénomène est légèrement amplifié lorsque l’on analysela liste des membres de la Matica l’année précédant son interdiction.

Lephénomène d’inscription dans le temps long dans une activité patriotique estconfirmé par la participation à la fondation de la Société slovaque du Musée,vingt-et-un ans après l’interdiction de la Matica. Le premier vice-président deson Comité est Ján Petrikovich, futur beau-père de deux signataires[15]. Le Comité lui-même,composé de trente membres, compte trois signataires (Ľudovít Šimko, Aurel Styket Jozef Fábry) et neuf parents de signataires. On recense par ailleurs25 signataires parmi les membres fondateurs de la Société ainsi que plusd’une trentaine de parents de signataires – parfois en lien familial avecplusieurs d’entre eux –, dont 19 pères et au moins 25 parents àun ou deux degrés[16]. La comparaison entreadhérents à la Matica et à la MSS fait apparaître un noyau de famillesdurablement impliquées dans le mouvement national, qui recoupe mais dépasse lesfamilles des hommes du Comité national permanent de 1861 ou les alliancesfamiliales évoquées plus haut. Encore n’avons-nous ici relevé que la listepubliée des premiers membres. La MSS élargit régulièrement sa base d’adhérentsjusqu’à la veille de la guerre, et l’étude des dons ou participations aux diversessouscriptions, soigneusement répertoriées dans le Letopis MSS ou le Sborník MSSpourrait donner une idée plus précise des hommes et des familles les plusactives dans la vie de cette institution et de la part qu’ils prennent à laréalisation de certaines de ses missions.

Quelquesannées plus tôt, au milieu de la période qui sépare l’interdiction de la Maticade la création de la MSS, la fondation de la Tatra banka avait marqué une étapeimportante, quoique fragile, de la prise de conscience du besoin dediversification de l’action du milieu patriotique. La dimension familiale, dansune acception large du terme est patente dans ce secteur (Hallon 2008, 162 ;Holec 2000). Dès 1879, plusieurs familles déjà citées avaient pris part à lacréation du Ružomberský účastinársky úverkový spolok et notamment lesMakovický, Krčméry, Pivko, Milec, Pálka, Beniač, Houdek, Országh ou encore Dula(Ďuriška 2007, 94). La liste des 121 actionnaires de la première souscriptionde la Tatra, en 1884[17], fait apparaître septfuturs signataires ainsi qu’au moins seize parents de signataires, dont huitpères. La base actionnariale et stable et s’ouvre, au fil du temps, aux enfantsde nombreux actionnaires initiaux.

Troisièmesérie d’indices, le dépouillement des registres d’abonnements aux revues. Lamême densité familiale apparaît à la lecture des registres de deux revuessignificatives, créées à près de 20 ans d’écart et représentant deux lignespolitiques distinctes : les Slovensképohľady et le Hlas. Plusieursfamilles, signataires de la Déclaration ou parents de signataires, sont abonnéesaux Slovenské pohľady dès lespremiers mois de sa parution. Sur les 27 signataires âgés de plus de vingt ansen mars 1883, on en compte huit auxquels il faut ajouter onze pères et quelquesparents, soit au moins 21 signataires concernés[18]. Le dépouillement duregistre des abonnés dix ans plus tard, pour les années 1890 à 1892 confirmel’importance de la revue[19]. Il contient le nom de 19signataires (sur les 37 âgés de plus de vingt ans à cette date), ainsi quecelui d’au moins 19 parents. Les deux catégories réunies, 37 signataires aumoins sont concernés, compte non tenu des alliances dont nous avons observél’importance.

Plustardifs, les registres d’abonnés au Hlas(1898-1899) font apparaître une densité du même ordre : pour les deuxpremières années complètes[20] on compte 28 signataires,sur les 59 âgés de plus de 20 ans à cette date ainsi qu’au moins 27 deleurs parents. Presque tous appartiennent aux réseaux familiaux que nous avonsébauchés dans cette étude.

Sil’on considère ceux des signataires qui apparaissent à titre personnel et/oupar le biais de l’un de leurs ascendants dans quatre au moins des cinq listesétudiées (membres, actionnaires, abonnés), et sous réserve d’un dépouillementcorrect et exhaustif des listes d’abonnés, on trouve un groupe compact de23 signataires au moins, qui, à titre personnel ou par leurs ascendants oucollatéraux au premier ou au deuxième degré, ont pris part à la structurationdu milieu patriotique au cours de la deuxième moitié du xixe siècle.Il s’agit en particulier des hommes issus des familles« patriciennes » du mouvement national (les frères Pauliny-Tóth,S. Daxner, M. Hodža, F. Jesenský, V. Makovický,S. Országh, Igor et Matúš Dula ou, à un degré moindre, Gustáv et Ján Izák,Ľudovít et Miloš Šimko), d’importantes lignées du monde protestant(Š. Krčméry, Fedor Ruppeldt, S. Zoch), des fils d’avocats (IvanDérer), d’industriels (Emil Stodola), d’enseignants (Jozef Uram) oud’importantes figures locales et âgées comme Samuel Jurenka.

Encorene s’est-il agi ici que de sonder pour l’essentiel les appartenances initiales,sur une période comprise entre un demi-siècle et une vingtaine d’années avantoctobre 1918 dans trois secteurs d’activités différents. La recensionexhaustive des appartenances à chacune des institutions tout au long de leurexistence et la forte présence de certaines familles, bien au-delà des degrésde parenté pris ici en compte, donnerait une image plus précise de la densitédes réseaux familiaux et de leur implication dans les activités patriotiques.De même, la participation récurrente aux campagnes de souscription à l’occasiondes procès par exemple[21], aux activités desassociations culturelles locales (Turzo 1974), à des institutions de typeCasinos[22], l’étude spécifique desdynamiques des familles actives dans l’église évangélique (Šenšel 1948), descandidatures et mandats aux Conseils de Comitat ou au Parlement de Budapest(Slávik 1945, 337 ; Potemra 1975) ou, à la veille de la guerre, les registres d’abonnementsdes Národné noviny[23], les responsabilités etfonctions – donc l’influence qu’elles peuvent signaler – dans lesmilieux bancaire ou industriel par exemple (Jesenský 1912) peuvent aider àcartographier un état de l’attention portée aux questions nationales ou àdresser un état des positions économiques et financières dans le milieupatriotique slovaque (Holec, Hallon 2007). On obtient ainsi des débuts d’indicationssur les réseaux constitués, leur nature, leur surface et leur feuilletage.

Laseule dimension familiale est en effet insuffisante pour mesurer l’importancede certains groupes constitués antérieurement à la Déclaration de Martin, desolidarités construites qui peuvent prendre d’autres formes, et notamments’appuyer sur des affinités intellectuelles, résulter de la communeappartenance à des associations ou de la participation à des actions politiquesponctuelles ou plus durables, y compris dans un cadre très local. De même cetteseule dimension familiale ne permet-elle pas, en tant que telle, de prendre lamesure des inimitiés, fractures ou litiges ponctuels ou durables qui peuventtraverser la société patriotique slovaque. Ceux-ci – qui peuvent secombiner avec des clivages politiques et idéologiques que l’historiographieslovaque a pour beaucoup identifiés de longue date – sont plus difficilesà évaluer quant à leurs effets politiques, avant comme après le momentDéclaration.

 

B i b l i o g r a p h i e

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N o t e s


[1] Matúš Dula estl’oncle de Matúš Duchaj, Gustáv Izák et V. Makovický ceux de Beniač.
[2] Aurel Styk, oncle de Thurzo, Makovický oncle de Thomka, Ľudovít Šimko onclede Fedor Ruppeldt ou M. Dula encore lui, oncle des 2 Paulíny-Tóth tout commeL. Thomka.
[3] Ivan Karlovský  (1878-1934) est le beau-père de Štefan Krčméry (1892-1955).
[4] Par convention,dans cet article, nous indiquerons les dates de naissance et de décès des seulssignataires de la Déclaration – à la première occurrence de leursnoms – afin de les distinguer des autres personnes citées.
[5] SNK-ALU, Martin,sign. C 1376 ; Zápisnica zo zriaďujúceho zhromaždenia KNSv Martine, dňa 9. októbra 1887 ; SNK-ALU, Martin,sign. C 1380 ; Zápisnica z valného zhromaždenia KNS, 29.marca 1908“. SNK-ALU, Martin, sign. C 1379 ; Menoslov účastninárov KÚS-u (état au 5 janvier 1910). SNK-ALU, Martin,sign. C 1382.
[6] Zápisnica zhromaždenia zakladateľov, 8-ho októbra 1884. SNA, Bratislava, f. Tatra banka, k. 1.
[7] Slovenský spolok „Detvan“ v Prahe1882-1913. Praha : Nákladom slovenského Spolku „Detvana“ v Prahe 1914, p.22.
[8] F. Jesenský et S. Daxner ; M. Hodža, M. Brxa etA. Styk ; Mikuláš Čajda avec les 3Šimko ; S. Daxner avec Jur Janoška.
[9] Directe : DušanHalaša – Oto Škrovina. Par alliance : Samuel Štarke – EmilStodola ; Jur Janoška – Fedor Jesenský ;V. Makovický – Igor Dula ; Michal Brxa – AurelStyk ; Ľudovít Vanovič – Miloš Petrikovich ; JánBurján – Ivan Dérer.
[10] Politikav Prešporku a na Záhorí v rokoch 90-tych a iné vzpomienky historické,politické a vzpomienkové. SNK-ALU, Martin, sign. 85 E 1.
[11] Rodokmeň Paulinyho. SNK-ALU, Martin, sign. 48 J 9.
[12] SNK-ALU, Martin, sign. 166 E 25.
[13] List JánoviOrmisovi (súd. radcovi v Bratislave) vo forme denníka životopis. SNK-ALU,Martin, sign. 80 H 3.
[14] Letopis MS, roč. 1866 a 1867,Sväzok 1, p. 135-159 et s. ; « Jednatelia a členovia »in Letopis MS, roč. XI,sväzok 2, 1874, p. 127-133.
[15] Sborník MSS 1896, 104-108.
[16] Dix frères, sixoncles, deux grands-pères, deux beaux-pères, deux beaux-frères et trois cousins. Sborník MSS 1896, 211-212.
[17] Zápisnica… 8-ho októbra.Vyzvanie. SNA, Bratislava, f. Tatra banka, k. 1.
[18] Slovenské pohľady.Denník príjmov r. 1880 na r. 1881. SNK-ALU, Martin, sign. C 742(incluant des données qui courent jusqu’au 2 mars 1883). Sous réserve de labonne tenue du registre et d’un décompte complet par l’auteur.
[19] Účetná kniha zaroky 1890, 1891, 1892. SNK-ALU, Martin, sign. C 742.
[20] Hlas. Úradné knihy.SNA, Bratislava, of. Pavol Blaho, karton 52, inv. č. 1702 (1898-99) etinv. č. 1706 (1899-1900).
[21] Listiny – Trestný proces Matúša Dulu a spol. pre uvítanie A. Pietra, 1900. SNK-ALU, Martin,sign. C 53.
[22] Výbor turčianskehokasína. SNK-ALU, Martin, sign. M 86 A 57.
[23] Menolov odberateľov Nár. Nov., Denník, Národný hlásnik (non daté, mais certainement 1913-1914).SNK-ALU, Martin, sign. C 1371.

Etienne Boisserie
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