Vie périphérique et centre fantasmé


Myriam Lépron: Vie périphérique et centre fantasmé [Peripheral Life and Fantasized Center]. In: Ostium, vol. 19, 2023, no. 2.


Abstract: The theme of the periphery, in the geographical sense of the term, is addressed from two works of the “extreme contemporary”: Grande Couronne by Salomé Kiner and Les Garçons de la cité jardin by Dan Nisand. This notion of periphery will be extended to the literary space, but also to the social representations in the suburbs of medium-sized cities: the codes in force in the neighborhoods, the question of otherness, of gender since one is centered on a female figure and the other on male figures.

Keywords: literary space, social representations, gender, Salomé Kiner, Dan Nisand

Résumé : La thématique de la périphérie, au sens géographique du terme, est abordée à partir de deux œuvres de « l’extrême contemporain » : Grande Couronne de Salomé Kiner et Les Garçons de la cité jardin de Dan Nisand. Cette notion de périphérie sera élargie à l’espace littéraire, mais aussi aux représentations sociales dans les banlieues de villes moyennes : les codes en vigueur dans les quartiers, la question de l’altérité, du genre puisque l’une est centrée sur une figure féminine et l’autre sur des figures masculines.

Mots-clés : espace littéraire, représentations sociales, genre, Salomé Kiner, Dan Nisand

Depuis les années 1980, la littérature française s’empare de la thématique de la périphérie, pour parler des quartiers situés loin du centre d’une grande ville. Pas de périphérie sans centre donc. Dans son article « Pour une narration des banlieues contemporaines », Serena Cello[1] observe qu’il y a, à partir de 2006, un « accroissement de la publication de ces fictions romanesques narrant les aventures de jeunes habitants des quartiers métropolitains, populaires et sensibles, tout en s’ancrant dans l’actualité sociopolitique ».

Les Garçons de la cité-jardin de Dan Nisand est publié aux éditions Les Avrils, toute jeune maison d’édition qui édite des autrices et des auteurs de langue française : « Les Avrils publient des fictions contemporaines et des récits littéraires qui racontent un peu de nous et de notre époque » lit-on sur leur site. Grande couronne de Salomé Kiner est publié chez Christian Bourgeois éditeur (1966). Ce sont deux premiers romans parus en 2021.

Né en 1978 près de la cité Ungemach, à Strasbourg, Dan Nisand vit aujourd’hui en Seine-Saint-Denis, quant à Salomé Kiner, elle est née en 1986 dans le Val-d’Oise, elle est journaliste, elle réside et travaille en Suisse.

Grande Couronne se situe dans une banlieue pavillonnaire à la fin des années 1990, le récit est écrit à la première personne : la narratrice est une jeune élève en classe de quatrième. Le roman Les Garçons de la cité-jardin se déroule dans un ensemble pavillonnaire en périphérie de Mulhouse : et on suit l’histoire des Ischard, une famille de trois frères, dont le plus jeune, Melvil, est âgé de vingt-cinq ans et dont le père devient aveugle.

On sait depuis La Misère du monde de Pierre Bourdieu que lieu et classe sociale sont étroitement liés[2]; de fait, la place que les personnages de ces deux romans doivent trouver est difficile, laborieuse, délimitée par les lieux.

État des lieux
Ni centres-villes, ni grandes villes, ni banlieues constituées de barres d’immeubles, mais des zones pavillonnaires : les historiens de l’architecture font remonter leurs origines aux années 1930.

La cité-jardin de Dan Nisand a pour ancrage romanesque la périphérie de Mulhouse, mais l’auteur cite très clairement sa source d’inspiration : la cité Ungemach à Strasbourg, dans laquelle il a grandi. La préface présentant le fondateur de cette cité ainsi que les principes qui la régissent est d’ailleurs absolument identique à la déclaration du vrai fondateur, l’industriel Charles-Léon Ungemach. Identique aussi le nombre de pavillons (138). De même, les rues portent bien des noms de fleurs comme dans la vraie cité strasbourgeoise. Enfin, comme le prévoyait son inventeur, la cité a ensuite été confiée à un organisme de logements sociaux.

En mars 2021, le documentaire LExpérience Ungemach, une histoire de l’eugénisme, programmé sur France 3 Grand Est, rappelle que la politique de sélection des habitants a duré jusque dans les années 1980 avec un système de points qui visait à sélectionner des couples « de souche saine et féconde » (il fallait trois enfants pour être autorisé à rester), avec un emploi, et une bonne moralité. William, un des personnages principaux du roman et appartenant à la famille de Ferdinand Hildenbrandt, nom qu’a imaginé l’auteur pour le fondateur de la cité, parle « d’utopie patriarcale[3] ».

William le vieux philosophe alcoolique des Garçons de la cité-jardin, raconte l’histoire de cette cité dans tout le chapitre 11, faisant référence à Thomas More, Platon, Fourier, parlant d’« une de ces citadelles qu’on a dressées pour y murer le devenir »[4], ou encore d’un « lieu abstrait comme une idée » et d’une « tentative désespérée de domestiquer la nature humaine »[5]. William est le seul personnage capable d’analyser lucidement l’impasse sociale de la cité, pendant que les autres personnages subissent cette vie en périphérie. La cité du roman de Dan Nisand, plus qu’un lieu, est une sorte d’entre deux lieux : « De ce côté du pont, on se retrouve presque tout de suite parmi les immeubles du quartier. Sur l’autre rive, il n’y a que la départementale qui s’embarque vers les villages et, précédant la campagne véritable, sa parodie fragmentée en jardins populaires.[6] »

La cité pavillonnaire de Grande couronne n’est pas née d’une (fausse) utopie, elle fait partie de ces ensembles autour de Paris que l’on appelle justement la grande couronne, ni à la ville ni à la campagne, ni même en banlieue. « Je venais d’une zone qui ne figurait pas sur les plans de métro, ni ceux du RER »[7], explique la narratrice. Elle va au collège à Enghien-les-Bains (Val d’Oise), mais elle habite vraisemblablement dans une commune juste à côté. Le collège est situé à proximité d’un champ d’asperges, non loin d’une gare, d’un centre équestre et d’un lavoir, et « dans le train, il y avait des préretraités parisiens avec leurs accessoires de marche qui venaient profiter des forêts d’Ile-de-France ». Elle habite à « onze stations et trente-neuf minutes » de la gare du Nord à Paris[8] et sa mère « avait lancé une pétition pour exiger que les transports publics desservent les zones de loisir […]. Dans son projet, il fallait étendre la ligne aux immeubles de la cité, là non plus les bus n’allaient pas. Ce n’était pas normal d’isoler cette partie de la ville. Pourquoi certains vivent sous les arbres et d’autres à l’ombre du ciment ?[9] ». La narratrice, qui se fait appeler Tennessy, ne connaît de Paris que le cirque d’hiver et le Forum des Halles ; elle rêve de faire son stage de troisième dans la capitale et découvre que son père, qui vient de quitter le domicile familial, et par là même la vie de la cité pour la vie parisienne, « vivait sur la ligne rose du métro. Le dimanche matin, il buvait du nectar de pêche sur un balcon qui surplombait la tombe de Maupassant et les jardins du cimetière Montparnasse. C’est sa nouvelle compagne qui disait les jardins du cimetière.[10] »

La vie en périphérie
Melvil Ischard a vingt-cinq ans ; il est employé par la ville. Surnommé Caillette par ses deux brutes de frères, il s’occupe de son père aveugle et tente de trouver sa place dans cette cité. Dan Nisand dresse le portrait d’une famille sans mère (elle est morte d’épuisement quand Melvil avait six ans). Les deux frères, Virgile et Jonas (il s’agit plutôt ici d’un antipoète et d’un antiprophète!), reviennent après plusieurs années d’absence. Virgile s’était engagé dans la Légion étrangère après une accusation de détournement de mineure, et Jonas avait disparu après avoir frappé son père. Ils reviennent hanter la cité. Tout dit le désœuvrement et la violence dans les rues et les bars de ce quartier où « on croit connaître tout le monde et tout le monde croit vous connaître »[11]. Le nom des Ischard empoisonne le quartier : « À eux seuls, ils ont fait le triste renom d’Hildenbrandt. Dans toute la région, on savait qu’il ne fallait pas y mettre les pieds. Irresponsables, asociaux, meneurs et récidivistes »[12]. Le retour des frères s’accompagne de mépris et de violence : un barbecue qui dégénère, des insultes et des humiliations dirigées contre les seuls amis de Melvil : le vieux William et Hippolyte, handicapé, depuis l’âge de dix ans. Les frères frappent, le père, le chien d’Hippolyte, tabassent William, et Virgile finit par cogner à mort un inconnu.

Les frères Ischard, « les fruits pourris de la cité-jardin »[13], tentent de fuir cette vie périphérique. Melvil, lui, pourrait s’accommoder des petits jardins, des loyers modérés, de la vie loin du centre, s’il arrivait à trouver sa place sans ses frères. Cette vie minable que les deux frères ainés ont tenté de quitter pour partir vers des horizons plus vastes, leur explose de nouveau à la figure dès leur retour ; le désœuvrement d’abord : « il n’y a rien à faire à part s’emplir de nourriture surgelée en l’arrosant de bière, se lancer des défis sur des jeux vidéo qu’on connaît par cœur et injurier la télévision.[14]» Le retour dans la cité signifie à la fois l’espoir que tout soit comme avant et l’affligeant constat que rien n’a changé, tels les repas dans cette maison d’hommes : « un reste de viande, des conserves de sardines et de lentilles à la saucisse, une barquette de céleri rémoulade, du pâté en tube, du pain en sachet, des yaourts, [15] ». C’est aussi cette bande que les deux frères retrouvent, cette bande que Melvil n’a jamais pu intégrer.

Comme l’indique le titre Les Garçons de la cité-jardin, le récit évolue dans un univers masculin, très genré, où les hommes différents de la bande des Ischard sont traités de pédés ou tabassés. Deux figures féminines hantent cependant le roman : la mère morte et Nelly, de retour après dix ans d’absence. Nelly, qui à quatorze ans avait jeté son dévolu sur Virgile, vingt ans, la terreur du quartier, quartier qui d’ailleurs se réjouissait de cette idylle, susceptible de rendre la brute plus douce. Puis, lorsque le père de Nelly a découvert leur projet de fuite, lorsque Nelly a hésité, « c’était trop dur, elle était si petite », le juge a donné le choix à Virgile : partir ou être jugé. Jonas, Virgile, puis Nelly reviennent donc dans cette cité, figée dans ses habitudes, pour tenter de reprendre la vie là où ils l’avaient laissée. C’est un échec, bien sûr. Et puis il y aussi la grosse Katia : dès l’âge de quinze ans, elle se laisse entraîner par les garçons qui jouent au foot, derrière les garages non loin du terrain, puis revient ensuite tranquillement vingt minutes plus tard avec le garçon qui reprend son match tout aussi tranquillement. Jonas livre Melvil à Katia, pour son premier rapport sexuel à quinze ans. Melvil ne pourra pas dire à Hippolyte, qui le harcèle de questions, « l’horreur d’être mâle, ni l’horreur peut-être pire, entrevue ce jour-là, l’horreur d’être femelle.[16] »

Grande couronne est le versant féminin de la vie dans les cités périphériques. Tennessy, la narratrice, utilise ce nom de code pour rentrer dans le réseau Magritte. À quatorze ans à peine, la jeune fille rêve de sortir de cette cité et de sa classe très très moyenne : une grande sœur, deux jeunes frères, une mère dépressive qui répète en boucle qu’elle veut juste avoir la paix, un père qui quitte le domicile. L’adolescente rêve de marques, de vêtements de marque, de goûters de marque. Dans cette périphérie parisienne, vivent et se débrouillent comme ils peuvent Chanelle, « une métisse avec des seins énormes qui lui voûtaient le dos »[17], Miguel Dos Santos, Kat Linh, Nelly Rodrigues, Jérémie Brito, Damien, Rico, Johanna et les autres. Tennessy commence par monnayer des devoirs qu’elle fait pour ses camarades de classe, mais très vite, ce business ne se révèle pas assez lucratif pour répondre à ses envies de Reebok, Air Max, Lacoste et des palettes de maquillage Yves Rocher. Elle est donc recrutée par Nelly, à peine plus âgée qu’elle, dans le réseau Magritte, spécialisé en fellation et masturbation. Tennessy rêve d’être hôtesse de l’air chez Air France : « je récupèrerais mes enfants à l’école dans mon costume Air France. J’entendais le bruit mat de mes talons carrés dans les couloirs de la garderie. Je me penchais pour embrasser leur crâne, mon chignon fluide caressait mes oreilles : j’avais les cheveux lisse, couleur graine d’amande, et pas noirs et frisés comme ceux de mes parents.[18] ». Cette rêverie à l’imparfait dit l’envie de quitter son quartier, son milieu, l’envie de ne pas ressembler à ses parents tout en se modelant quand même sur le modèle familial classique avec enfants. La vie dans cette cité est tristement, tragiquement banale : « je fermais les yeux : à force de pipes un jour je me payerais l’appartement dont je rêvais à la fontaine des Innocents.[19]» Elle a les yeux toujours tournés vers le centre, vers Paris : « la capitale ne me serait jamais acquise par voie noble, j’allais ramper toute ma vie pour sortir de ce trou où mes parents avaient un jour pensé qu’il serait agréable de fonder une famille.[20] » Le rejet est total, de la nourriture jusqu’au mobilier : « je ne voulais plus manger sur la toile cirée parce que c’est plus facile à nettoyer. Je voulais des nappes provençales avec des serviettes assorties à la place des demi-sopalins que je découpais aux ciseaux pour faire des économies de papier.[21]» Les rêves de l’adolescente ne sont jamais démesurés, juste un cran au-dessus de sa condition sociale.

À la suite du père, c’est la sœur aînée qui fuit cette vie en périphérie pour partir à Marbella, en Espagne, avec un certain Javier qui lui a trouvé une place de standardiste au « Club Med », alors qu’elle ne connaît pas le moindre mot d’espagnol : « tu vas rester moisir ici et moi je vais m’en sortir », hurle-t-elle, avant de quitter sa « maison de merde.[22]» La haine de la petite vie dans un petit pavillon de petite cité est immense. Tennessy, quatorze ans, ne peut pas s’échapper, alors elle continue de rêver : des rêves d’enfant cette fois, d’enfant des années 1990 qui regarde la série « L’instit » et qui imagine que le héros de la série viendra la chercher à la sortie du collège pour l’emmener dans une famille d’accueil qui « vivrait près du Forum des Halles.[23]»

Les désirs de fuite, plus loin, plus haut, sont des demi échecs ; le roman s’achève sur le constat à la fois amer et drôle de la narratrice : son petit ami, qui travaille dans une pizzeria au bord de la faillite, la quitte pour une autre, sa sœur Rachel ne travaille plus au Club Med mais vend des maillots de bain dans des bars espagnols ; quant à elle, elle a eu son brevet, une bourse et grâce aux « magouilles » de sa mère, elle est « boursière et scolarisée hors secteur, sur les boulevards des Maréchaux, à quelques mètres des portes de la capitale »[24], mais les voitures stationnées sur ce boulevard, servant d’hébergements précaires, hantent la narratrice : « À quoi bon étudier ? J’allais finir ma vie en fredonnant des chansons balkaniques dans un utilitaire garé à cheval sur un trottoir, sur le parking d’un centre pour handicapés ou derrière les grilles d’une école privée.[25]» Le roman se termine pourtant dans un éclat de rire, en famille.

Les deux héros de ces romans n’ont pas le même âge, mais ils partagent de nombreux points communs : la vie dans un pavillon de cité, bien sûr, une famille nombreuse, des parents absents ou défaillants quand ils restent : le père de Melvil passe ses journées dans un fauteuil devant la télévision et la mère dépressive de Tennessy à pleurer jour et nuit dans le canapé du salon. À vingt-cinq ans, Melvil est en âge de prendre le foyer en charge ; en revanche, Tenessy a tout juste quinze ans quand il faut qu’elle s’occupe des courses, des repas et du coucher de ses jeunes frères, ce qui donne d’ailleurs lieu à une scène de revanche sociale dans un supermarché : « Ma mère avait dû s’effondrer dans la voiture. J’errais seule dans les rayons en m’inventant des vies qui ne seraient jamais la mienne et pour me soulager j’ai rempli le caddie de produits interdits. De l’emmenthal en tranches, des brioches aux pépites, du yaourt à boire en portions individuelles, des Kirro stick, des Kinder Pingui, des Apéricubes, du déodorant pour les pieds, un vaporisateur d’ambiance, de la Vittel fraise, du pastis sans alcool, des Chipster, du papier toilette à la pêche et une bombe de crème chantilly.[26]» Melvil parvient à se contenter de cette petite vie, il veut juste une place dans cette cité ; en revanche, Tennessy l’exècre. Melvil est un jeune adulte inquiet qui a renoncé, Tennessy est une adolescente traversée de rage et de rêves. La violence des garçons de la cité-jardin rend leur combat stérile, la lucidité des jeunes femmes du roman de Salomé Kiner les rend fortes.

Dans ces deux romans, la langue dit la périphérie. Dan Nisand use d’un mélange de registres : c’est un style très poétique, une langue ample et travaillée, émaillée de jurons vulgaires, en français mais aussi en alsacien pour les dialogues des deux frères. Ce contraste, facilité par l’utilisation d’un narrateur à la troisième personne, met en évidence la brutalité des aînés et la mélancolie du plus jeune mais aussi la langue du centre en face de la langue de la périphérie. La langue, portée par le narrateur omniscient, sublime les personnages et poétise le sordide, sans jamais écraser, sans jamais humilier la langue de la cité. Quant à Salomé Kiner, elle donne la parole à son personnage, et cette parole est à l’image de la jeune fille : vive, drôle, lucide ; les phases sont courtes, parsemées de références à des marques et des codes utilisés par la jeune fille : les zguègues, ce sont ces jeunes clients souvent maladroits qui viennent profiter de ce réseau Magritte (à noter qu’il existe aussi un réseau Courbet). Il est question aussi du jeu Jenga qui date du milieu des années 1980, du Tam Tam qui sert à envoyer le numéro de plaque d’immatriculation des « zguègues ». Les dialogues laissent place à une langue familière, mais jamais aussi crue que dans Les Garçons de la cité-jardin.

L’aspect documentaire des deux récits tient à l’atmosphère ravivée des années 1990 dans Grande couronne, et à l’histoire de la cité minutieusement relatée à plusieurs reprises par William pour Les Garçons de la citéjardin. L’autrice et l’auteur de ces deux romans s’inspirent évidemment des périphéries de leur adolescence. Ils racontent les petites gens qui y vivent, le regard sans cesse tourné vers le centre des grandes villes, centre toujours fantasmé. Aucun cliché, aucune caricature dans ces deux romans, pas de larmes ni de renoncement et pourtant, la vie est âpre et il n’y a pas de happy end.

B i b l i o g r a p h i e
BOURDIEU, P. : « Effets de lieu ». In : La Misère du monde. Paris : Seuil 1993.
CELLO, S. : « Pour une narration des banlieues contemporaines ». In : Roman 20-50, 2015/1, n°59.
KINER, S. : Grande couronne. Paris : Christian Bourgeois, 2021.
NISAND, D. : Les Garçons de la cité-jardin. Paris : Les Avrils 2021.

N o t e s
[1] CELLO, S. : « Pour une narration des banlieues contemporaines ». In : Roman 20-50, 2015/1, n°59.
[2] BOURDIEU, P. : « Effets de lieu ». In : La Misère du monde. Paris : Seuil 1993.
[3]On ne peut s’empêcher de penser aux cités Michelin, imaginées par Édouard Michelin pour loger les ouvriers, mais aussi des contremaîtres ou des ingénieurs. Des centaines de petites maisons avec jardin ont vu le jour à partir de 1909. Ces ensembles ont pris place en périphérie de la ville, sur des terrains agricoles, venant ainsi relier Clermont-Ferrand et Montferrand. Il y avait aussi des SOCAP (magasins coopératifs ouverts en 1910 où les salariés venaient s’approvisionner. Pour les non-salariés, il aura fallu attendre les années soixante pour pouvoir entrer dans la Socap.) et des écoles Michelin (jusqu’en 1967), une piscine Michelin. Rien n’a été laissé au hasard : « La maison est étudiée dans l’intérêt de la ménagère, car elle l’habite plus que l’ouvrier. C’est son atelier à elle. Donc les pièces seront suffisamment grandes mais ne le seront pas trop, il faut éviter un nettoyage fatigant. Il y aura de l’eau sur l’évier pour éviter toute corvée. Il y aura l’électricité, un fourneau à gaz, une buanderie. Il y aura un jardin attenant qui fournira les légumes pour la cuisine. Le père y trouvera une occupation, la mère pourra y laisser en liberté les enfants dans de bonnes conditions d’hygiène, sans interrompre sa tâche ménagère » Édouard Michelin, 1927 (repris dans le journal La Montagne le 14 novembre 2019). À noter aussi les noms des rues édifiants : rue du courage, rue du devoir, rue de la charité, rue de la confiance… et l’église de Jésus Ouvrier subsiste toujours.
[4] NISAND, D. : Les Garçons de la cité-jardin. Paris : Les Avrils 2021, p. 197.
[5] Ibid., p. 199, p.217.
[6] Ibid., 26.
[7] KINER, S. : Grande couronne. Paris : Christian Bourgeois 2021, p. 282.
[8] Ibid., p. 43, p. 56.
[9] Ibid., p. 91.
[10] Ibid., p. 147.
[11] NISAND, D. : Les Garçons de la cité-jardin. Paris : Les Avrils 2021, p. 23.
[12] Ibid., p. 85.
[13] Ibid., p. 228.
[14] Ibid., p. 121.
[15] Ibid., p. 166.
[16] Ibid., p. 239.
[17] KINER, S. : Grande couronne. Paris : Christian Bourgeois 2021, p. 59.
[18] Ibid., p. 40.
[19] Ibid., p. 106.
[20] Ibid., p. 108.
[21] Ibid., p. 170.
[22] Ibid., p. 125.
[23] Ibid., p. 143.
[24] Ibid., p. 281.
[25] Ibid., p. 283.
[26] Ibid., p. 170.

Myriam Lépron
Université Clermont Auvergne
Myriam.lepron@gmail.com

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